samedi 24 octobre 2015

Lecture: Un jour par la forêt


Avec une semaine de retard, parce qu'une formation durant toute une semaine ne m'a pas laissé le temps de me poser, quelques mots sur un livre emprunté par hasard à la bibliothèque - je pense que j'ai au moins été orientée sur l'auteur par un conseil blogguesque, mais je n'arrive pas à retrouver lequel, ça doit être la fatigue de cette semaine!

Résumé: Ce matin-là, Sabine, onze ans, fait l'école buissonnière.
Que fuit-elle vraiment ? Est-ce la perspective d'un rendez-vous fixé entre sa mère, dont elle a honte, et son professeur de français, excédée par son attitude en classe, ou l'idée plus confuse qu'elle n'a pas sa place au lycée ?
Mais au cours de sa journée vagabonde, dans ce Paris qu'elle découvre, bien des choses vont changer. Le hasard d'une rencontre lui révélera le trésor qu'elle porte en elle.


J'ai trouvé ce roman extrêmement touchant. A travers l'histoire de Sabine, il traite de plusieurs sujets qui font réfléchir: le regard qu'un enfant porte sur ses parents, la diversité à l'école et l'égalité des chances, la transmission du savoir par les professeurs, et aussi, et surtout, une invitation à découvrir la poésie.

La mère de Sabine est femme de ménage, "agent technique" comme doit l'écrire Sabine sur les fiches de renseignements au début d'année. Elle élève seule sa fille, elle travaille toute la journée, mais Sabine a honte d'elle. Elle l'aime, mais elle ne veut pas qu'on la voit à l'école, car elle sent bien que sa mère ne correspond pas à ce que connaissent ses professeurs et ses camarades. Le regard de l'autre, le jugement de l'autre, dès notre plus jeune âge, nous y sommes sensibles, et, comme Sabine, cela conditionne nos actes et nos choix.

Sa mère est femme de ménage, et elle a voulu le meilleur pour sa fille, qui n'a pas intégré le collège du quartier, mais le bon collège situé plus loin, parce que Sabine, qui était bonne élève en primaire, est toutes les chances pour elle. La fillette fait donc partie des élèves intégrés pour l'égalité des chances, mais elle est en décalage par rapport aux autres élèves, pas le même environnement, pas la même éducation, et le corps enseignant n'est pas forcément ouvert à accepter ces élèves différents.
J'ai eu l'immense chance de grandir dans une famille privilégiée, où la lecture et la "culture" faisait partie intégrante de mon éducation. Et j'essaye de donner cette chance à mes enfants, de leur faire découvrir la lecture, l'histoire, mais je sais que ce n'est pas donné à tout le monde. Cette égalité des chances est un vrai sujet d'actualité, l'accompagnement des enfants pour les devoirs à la maison (qui sont censés être interdits) est une partie du problème, mais ce n'est pas le seul. Et la souffrance de Sabine générée par ce décalage entre le monde dans lequel elle évolue pendant la journée et celui où elle rentre le soir est poignante. Au point de lui faire détester le mot "culture", et tout ce qu'y peut s'y rapporter.

La culture, le mot clé de la prof de français, celle qui tente d'expliquer la poésie à une classe de 5ème. Et là je suis repartie dans l'enfer des explications de texte, quand il fallait trouver les allitérations et les assonances pour essayer de trouver un sens à ce que l'auteur avait écrit. Où comment rendre totalement inaccessible l'univers de la poésie aux enfants. Je ne dis pas que c'est simple, je ne dis pas que je ferais mieux, et loin de moi l'idée d'émettre ici une critique des professeurs de français en général. Mais Marie Sizun pointe dans le roman la difficulté de cette femme qui doit expliquer un poème de Victor Hugo à sa classe, mais qui ne se met pas au niveau de ses élèves, les enfermant (en particulier Sabine) dans une case. Et elle propose à travers la rencontre de Sabine avec deux profs anglais, une prof de français et un prof de dessin, une autre approche de la poésie et de l'art, en mettant en comparaison les deux. Car Sabine est une artiste, elle est passionnée de dessin, et elle regarde le monde avec un regard de poète, remarquant les couleurs, les impressions, et tout ce qui échappe à notre regard pressé. Sa promenade dans le Bois de Vincennes est magique, on ressent avec elle les émotions qui la traversent.

Ce que vont lui offrir les deux Anglais rencontrés par un heureux hasard, c'est la découverte du même plaisir dans les mots que dans ce qu'elle voit. Ils lui font découvrir que la poésie est une autre forme de dessin, et qu'avec les mots les auteurs nous offrent tout un monde d'émotions et de couleurs.

Les personnages de ce roman sont attachants, extrêmement humains, et ils nous parlent, parce qu'ils sont proches de nous, qu'ils nous rappellent des personnes qu'on a connues, des personnes qu'on a croisées.

Un très beau roman, facile à lire mais qui nous interroge sur des sujets toujours d'actualité, et qui m'a donné envie de me replonger dans les poèmes de Victor Hugo!

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