mardi 15 septembre 2015

Lecture: La femme qui dit non.


J'avais ce livre dans ma liste "à emprunter", mais je suis bien incapable de retrouver où j'avais pêché ce conseil de lecture.
Le résumé alléchant a achevé de me convaincre de sortir ce roman des rayons de la bibliothèque pour l'ajouter à ma PAL du moment.

Résumé:1938. Alors que le destin de l'Europe s'apprête à basculer à Munich, un voilier anglais accoste sur l'Ile-aux-Moines. A son bord, Charles Evans et sa fille Marge. La jeune fille anglaise rencontre là deux jeunes Bretons, Blaise de Méaban et son meilleur ami Mathias. Elle épouse Blaise et, se croyant enceinte, ne peut l'accompagner à Londres lorsqu'il s'embarque pour répondre à l'Appel du Général de Gaulle. Esseulée, elle fait alors de Mathias son amant - et le véritable père de son fils. Ce trop lourd secret de famille et les guerres feront le reste.
De la débâcle 1940 à l'épuration en passant par la déportation, de la guerre d'Indochine aux Jeux olympiques de 1964 en passant par la guerre d'Algérie, ce trio amoureux traverse un quart de siècle où la petite histoire se mêle à la grande. On y lit la lâcheté et l'opportunisme des hommes, mais aussi leur grandeur. Marge, joueuse et intrépide, délurée, tolérante et libre, raconte leurs choix et leurs trahisons, leurs défaites et leurs victoires, leurs joies et leurs amertumes. Elle aura fait de sa vie une fête galante et incarne une certaine idée de la France. Marge, a la marge des conventions ; Marge, au centre de tous ces destins.


Sur le papier, ce roman avait tout pour me plaire, mais il n'a finalement pas comblé mes attentes. Je n'ai pas trouvé Marge, la narratrice et personnage central du roman, très attachante. Ce qui au départ peut passer pour l'insouciance de la jeunesse tourne à l'égoïsme avec l'avancée du roman: Marge ne pense qu'à elle, ses décisions sont plus le fruit de l'opportunisme que de la raison. Son engagement dans la Résistance est plus lié à l'ennui qu'à un engagement véritable, elle n'hésite d'ailleurs pas à fréquenter des lieux remplis d'Allemands et de profiteurs du système, pour assouvir son besoin de jeu et de sorties.
Cet égoïsme pèse sur la vie des deux hommes qui l'aiment, puis sur celle de son fils, pour lequel elle n'assume d'ailleurs pas du tout son rôle de mère. Et quand la vie lui renvoie en pleine figure ses erreurs, et la met face à ses actes, elle révèle  là encore son égocentrisme: découvrir qu'un de ses hommes a pu construire une vie sans elle la rend furieuse, elle qui n'a jamais assumé et jamais choisi, et qui a forcé Mathias et Blaise à "cohabiter" dans sa vie, et la peur de tout perdre la rend lâche, elle refuse d'assumer ce qu'elle a fait.

Il est d'ailleurs surprenant qu'il faille si longtemps pour que ses choix lui explosent au visage, elle arrive finalement à slalomer et à toujours tirer son épingle du jeu, de façon presque incroyable, ce qui rend l'histoire parfois peu convaincante, mais ses alliances avec des opportunistes de la pire espèce lui permettent de se tirer d'affaire très longtemps, ce qui n'aide pas à l'apprécier, car elle en vient à cautionner ou tout du moins à tolérer ce qui ne devrait pas l'être.

Si j'ai été déçue par cette femme qui à mes yeux n'a pas dit non à grand chose, surtout pas à son plaisir et à ses envies, j'ai beaucoup aimé le contexte donné au roman, la deuxième guerre mondiale vue de la Bretagne, les Bretons indépendantistes, la guerre d'Indochine et la guerre d'Algérie qui confrontent justement l'indépendantisme et le colonialisme, l'arrivée de Mitterrand sur le devant de la scène politique, malgré ses choix passés, et malgré les doutes de ses concitoyens. J'ai aimé retrouver dans ces pages la Bretagne, l'Ile-aux-Moine et le climat breton, Nantes et les lieux que j'ai découverts quand j'étais étudiante, la Cigale, le passage Pommeraye...
J'ai aussi été séduite par l'écriture de ce roman, le côté cynique de la narration qui se traduit dans les mots et les phrases. Plusieurs fois je me suis arrêtée sur une tournure, en me disant qu'il fallait que je la note pour en parler, mais bien sûr je ne l'ai pas fait, cela dit cela ne m'arrive pas souvent, c'est donc à noter, pour moi qui ne suis pas très sensible au style.

Lecture mitigée donc, parce que j'attendais plus de cette femme qui dit non, qui à mon sens ne mérite pas son titre, sauf dans le sens "négatif" du terme. J'attendais une héroïne avec des convictions dans un monde en plein bouleversement, et c'est une femme centrée sur elle-même que j'ai découverte, sauvée seulement par son amour de la terre bretonne que je ne peux que valider.

1 commentaire:

  1. Tu avais du le voir chez Val, car c'est elle qui avait fait l'un des billets les élogieux dessus l'an dernier. Il avait été mal accueilli par les blogueuses bretonnes si je m'en souviens bien parce qu'il mettait en avant une certaine collaboration des indépendantistes bretons (à moins que je confonde).
    Bref, il me tente beaucoup, malgré les bémols à droite et gauche, mêle si Marge n'est pas attachante, je devrais me plaire avec elle.

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